jeudi 17 décembre 2009
DE GLACE !
Ce soir là, la limpide noirceur du ciel maculé d’étoiles annonça une nouvelle chute des températures. Depuis quelques jours en effet, le mercure n’en finissait pas de dégringoler.
Au petit matin, quand Tom ouvrit les yeux, il fut attiré par les perles de condensation gelées sur la vitre. Il frissonna à l’idée de quitter la chaleur enfouie sous les couvertures, mais c’était mercredi, l’idée d’une escapade matinale le propulsa hors du lit et l’incita à s’habiller promptement.
Dans la demi-heure qui suivit, il était dehors. Bien que vêtu pour résister à la morsure du froid, les premières goulées d’air lui brûlèrent les poumons et ses lèvres ne résistèrent pas longtemps aux premières gerçures. Il emprunta le chemin de terre en direction du ruisseau, le sol était dur et les quelques flaques gelées ne cédaient pas sous ses pieds en de minuscules réseaux de craquelures qui ravissaient à chaque fois ses yeux et ses oreilles. Le temps semblait suspendu. La cascade toute proche se taisait, le silence s’était rendu complice de la glace qui avait tout colonisé. Tout n’était plus que renflements, boursouflures, nervures, amas cristallins. Il s’émerveilla devant les stalactites qui se jouaient de la lumière matinale en autant de reflets, de moirures, de transparences et d’opacités nébuleuses. Tom feuilletait ces instants éphémères figés d’éternité comme on regarde un album de photos. Il adorait ces moments de l’hiver où la nature se recroqueville dans un cocon de transparence, où minéraux et végétaux s’endorment dans leur linceul de glace. De la cascade, seul un mince filet d’eau narguait par sa fluidité les imposantes et immobiles colonnes cristallines.
Le regard perdu dans la multitude de miroirs tourmentés que lui tendait le ruisseau, il se demandait combien d’années il serait encore témoin ravi des pulsions créatrices de Dame Nature ? Souvent, il avait entendu les grands évoquer, l’air inquiet, l’effet de serre, le réchauffement climatique, le recul des glaciers, la fonte de la banquise… Combien d’années ? Il ne comprenait pas encore tout ce que disaient les grandes personnes, mais fondu dans la contemplation de la glace, Tom prenait petit à petit conscience de la fragile beauté des choses.
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Quelle belle évocation que le regard innocent d'un enfant sur un monde dont il saisit toute sa beauté, mais aussi l'éveil d'une conscience de sa fragilité.
RépondreSupprimerCe texte accompagne magnifique tes images.
Devant la magie créatrice de la nature, on garde tous un coeur d'enfant !
RépondreSupprimerLe texte est magnifique. Le début d'un roman, peut-être ?