Un ami est sur le projet d'édition d'un bouquin qui s'intitulerait "Les jolies colonies de vacances". Il m'a envoyé de vieux négatifs exhumés des années 70, malheureusement en piteux état... J'ai posé la question des moisissures sur l'un de mes forums préférés, voici ce qu'un charmant correspondant m'a écrit :
- Le moirage, appelé aussi miroir d'argent donne à l'image l'aspect miroitant d'une surface argentée. C'est visible sur les parties sombres de la photo lorsque l'examen est fait en lumière diffuse ou en observant latéralement l'image. Le phénomène est différent des moisissures. Dans le moirage, c'est une fine couche d'argent détachée des filaments qui sous l'influence de la pollution, a migré pour venir déposer en surface. Ce dépôt métallique est composé d'argent colloïdal.
- Les moisissures : l'air contient en suspension des spores de champignons. L'abondance de cette flore aérienne, varie selon la situation géographique, l'empoussièrement des locaux et des conditions climatiques. Ces spores deviennent dangeureuses losqu'elles trouvent des conditions favorables à leur germination. La croissance du champignon se poursuit par cycle mycélien suivi d'une sporulation. Les spores sont des organes de reproduction, de propagation et de résistance. Ils peuvent survivre pendant des décennies dans des conditions extrêmes de sécheresse.
Quand l'humidité ambiante est suffisante, le métabolisme cellulaire de la spore s'active.
Une fois la germination réalisée, la croissance du champignon peut se poursuivre.
Le développement des moisissures est lié au taux d'humidité relative et à la température de stockage. Par exemple : à 85% d'humidité relative et une température de 5°C, il n'y a pas de développement de moisissures. A contrario, à 85% d'humidité et une températurede 30°C, il y a danger.
La désinfection des micro-organismes met en oeuvre des procédés particulièrement difficiles à mettre en oeuvre.
Les traitements physiques faisant appel à la température, aux rayonnements électromagnétiques ( U.V., rayons ionisants, micro-ondes) n'ont pas donné de résultats satisfaisants. En poussant les conditions nécessaires à la destruction des micro-organismes on entraine l'endommagement des oeuvres.
Les traitements chimiques ont été expérimentés en grand nombre : agents d'alkylation (formaldéhyde), bromure de méthyle, ammonium quaternaires, dérivés du phénol. Ces substances sont peu actives sur les spores.
Parmi les procédés de désinfection utilisé, c'est l'oxyde d'éthylène qui constitue dle compromis le plus "acceptable". C'est un gaz fongicide, bactéricide et insecticide puissant.
Cependant, il est très dangeureux pour l'homme (cancérogène). Il est de plus très réactif et peut s'enflammer, voire exploser à l'air à une concentration supérieure à 3%.
Certes dans le temps jadis il a été utilisé des bains durcissants au formol.
Cependant, il faut savoir :
- Le formol/formaldéhyde est dangereux pour la santé. Il irrite les yeux et provoque à la longue (mais je pense pas que Dom en fasse une utilisation récurrente) des lésions graves du fait du tannage des muqueuses en contact avec le gaz libéré par la solution.
- Le formol n'a jamais été employé seul mais toujours au sein d'une combinaison comme par exemple :
Formule SH. 1 de EK :
- Eau 1000 ml
- Carbonate de sodium anhydre : 5g
- Formol à 37 % : 10 ml
- Durée du traitement : 3mn
- Rinçage : 5 mn.
Je considère que ce type de traitement (outre son aspect toxique) est probablement valable dans le processus de traitement du film immédiatement après insolation.
Dans la situation de Dom, il s'agit de films ayant été stockés durant une longue période donc la problématique est différente.
Si je m'en réfère aux spécialistes de la conservation et de la restauration, il est impératif de faire un "état des lieux" approfondis et ensuite mettre en oeuvre les procédés de restauration appropriés.
Cet état des lieux doit prendre en compte l'état du support qui sera certainement en triacétate de cellulose si le film est de fabrication de la fin des années 40 à nos jours.
Antérieurement, c'était le nitrate de cellulose qui était employé comme support.
Il a été interdit dans les années 50 à cause de sa grande inflammabilité.
De plus, avec le temps, il a été observé que le nitrate s'autodégradait en libérant de l'acide nitrique.
Cela dit, le triacétate n'est pas non plus au-dessus de tout soupçon car il s'hydrolise en libérant de l'acide acétique qui fragilisera le support à terme.
En règle général, le refixage et le relavage sont déconseillés, sauf si des tests ont démontré que l'émulsion ne serait pas endommagée.
Je préconiserai donc à Dom d'enlever la poussière et la saleté superficielle pour pouvoir numériser (ou tirer mais alors là bonjour la repique (:o))
Pour cela, il est recommandé d'utiliser une brosse très douce en forme d'éventail du style de celles utilisées en peinture.
Avec de l'alcool éthylique et un coton-tige il enlèvera les saletés accumulées en surface. Pratiquement, l'alcool éthylique ne pénètre pas la couche de gélatine donc l'image argentique sera préservée.
Ce n'est qu'après avoir numérisé sa collection de vieux négatifs qu'il pourra alors prendre le risque de faire subir un traitement chimique à ses films.
Si cela s'avérait catastrophique il aura toujours ses fichiers de travail sauvegardés.
Si cela donnait toute satisfaction, alors j'aurais été trop pessimiste.
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